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Loin

de tout

Créer une escapade insulaire

Photographie par Lyndsay Doyle
Article de Adam Hodnett

Alors que l’ouragan Fiona s’apprêtait à frapper la Nouvelle-Écosse, Ossama Nasrallah s’est installé pour la nuit, seul sur son île, avec rien d’autre qu’un petit kayak.

M. Nasrallah avait consacré tout son temps et son argent à la préparation de sa nouvelle entreprise, Nova Glamping. L’île qu’il a achetée se trouve à 35 minutes d’Halifax.

Il se souvient du moment où il est descendu du bateau de pêche, a grimpé sur le vieux quai pourri et a vu la cabane en rondins à deux étages ainsi que la vue sur le phare de Peggy’s Cove.

« Je me suis dit : vendu! », affirme-t-il.

Il a entrepris de construire tout ce qu’il fallait pour créer une destination de luxe de type « glamping ».

Pour ce faire, il a dû faire venir des géodômes de la Pologne. Il a aussi loué des hélicoptères pour le transport des matériaux de construction, embauché des pêcheurs locaux pour assurer le transport par bateau, fait appel à des ingénieurs et à des équipes de construction, et procédé à l’installation de spas et d’un sauna, à la construction de plateformes et de quais, ainsi qu’à la mise en place de douches et de cuisines extérieures et de systèmes d’eau et de fosses septiques autosuffisants.

Depuis toujours, offrir une expérience de qualité à un prix abordable est une priorité pour M. Nasrallah. Le site Internet décrit l’endroit comme étant « le parfait équilibre entre luxe et nature ».

« Il s’agit avant tout d’offrir aux gens une expérience, dit M. Nasrallah, et de donner aux gens la possibilité d’explorer la Nouvelle-Écosse d’une manière différente. »

Il s’agit de la deuxième entreprise de M. Nasrallah. Il a créé « Harbour Watercraft Tours and Adventures » avec son colocataire alors qu’il était à l’université. L’entreprise est passée de deux employés (un à temps plein et un à temps partiel) à 22 employés. Cette dernière lui a également permis de découvrir son amour pour l’industrie du tourisme et le potentiel de celle-ci.

« Bien que la saison soit très courte, on peut vraiment en tirer le meilleur, déclare-t-il, il faut travailler de 14 à 16 heures par jour, mais cela en vaut la peine. »

Nul doute qu’il en va de même pour Nova Glamping. M. Nasrallah a fini par quitter son emploi à la Banque Scotia pour se consacrer entièrement à l’entreprise.

Malgré son expérience de chef d’entreprise et de conseiller auprès des petites entreprises, il n’avait encore jamais géré de projet de construction. Maintenant, il en mène un sur une île.

« La construction sur une île, c’est un cauchemar, dit-il, si vous oubliez des vis, devinez quoi : Home Depot est à 45 minutes de route. »

Il a appris que presque tous les entrepreneurs, inspecteurs ou ingénieurs travaillaient sur une île pour la première fois.

Il est rare de trouver quelqu’un qui dise « J’ai travaillé sur des îles toute ma vie », affirme M. Nasrallah, en riant.

À l’origine, il avait prévu un budget aussi modeste que possible, pensant que les géodômes ne seraient pas si coûteux. Or, au moment où les travaux ont commencé, les coûts des matériaux de construction et du transport n’avaient jamais été aussi élevés. La location d’un hélicoptère était la solution la moins coûteuse, compte tenu de la logistique du transport des personnes et du matériel vers et depuis l’île.

Heureusement, écouter les experts et penser à l’avenir est très important pour M. Nasrallah, même avec toutes les autres dépenses imprévues.

Par exemple, le prix de ses terrasses a doublé à la suite de la visite d’un ingénieur qui lui a conseillé de les concevoir pour résister aux ouragans, qui sont de plus en plus fréquents.

« Ça en a valu la peine, explique-t-il, nous avons dépensé plus que prévu pour tout ce que nous avons fait, mais encore une fois, nous avons pensé aux 10 à 20 prochaines années. »

Cette année, les installations fonctionneront à l’énergie solaire 85 % du temps, mais des plans ont été établis pour que l’entreprise soit entièrement écologique.

M. Nasrallah était déjà à la recherche de fonds pour son projet lorsqu’il a communiqué avec la CBDC de Blue Water.

« C’est la CBDC qui était la plus engagée dans le projet », explique M. Nasrallah.

M. Nasrallah a organisé une réunion et ne savait pas à quoi s’attendre. Il pensait qu’il serait utile d’obtenir un financement pour un certain pourcentage du projet. La CBDC a fini par lui accorder un prêt pour le montant maximal possible.

« Vous comptez vraiment pour la CBDC en tant qu’entreprise, témoigne-t-il, il ne s’agit pas seulement de savoir ce que vous lui rapporterez; c’est ce qui m’a permis d’établir une relation de confiance avec la CBDC et d’aimer travailler avec l’organisation en général. »

Après tous les efforts de planification, de budgétisation, de logistique et de travail acharné, le projet était enfin prêt à être lancé. Des réservations avaient déjà été faites. Cependant, le samedi où le projet devait être lancé, il s’est trouvé directement sur la trajectoire de l’ouragan Fiona.

« Nous avons appris qu’en cas d’ouragan, il faut tout bouger », souligne M. Nasrallah.

L’île est redevenue un chantier de construction, les équipes ayant déplacé tout ce qu’elles pouvaient hors de l’île, mais M. Nasrallah est resté sur place.

Il comptait y être personnellement. Fiona a frappé vers trois heures du matin cette nuit-là.

La cabine dans laquelle il se trouvait s’est fait secouer, bien plus que les dômes sphériques. « Toute la ville a connu une panne de courant, mais pas moi, dit-il, car nous sommes totalement hors réseau. »

Le lendemain matin, il s’est réveillé et a nettoyé, puis les affaires ont repris leur cours.

Le reste de la première saison, plus de 100 avis ont été publiés sur AirBNB (tous 5 étoiles). Son équipe et lui pensaient que le taux d’occupation se tiendrait à 50 % pendant un certain temps, mais rapidement, des mois entiers ont été réservés et des listes d’attente ont été créées. Même M. Nasrallah était surpris.

« Les gens ont vraiment besoin de ce genre d’expérience, explique-t-il, les gens ont vraiment envie d’être dehors. »

Ses réveils au milieu de la nuit où il se demandait pourquoi il s’était engagé dans cette aventure sont maintenant derrière lui. Il embauche un employé à temps plein pour rester sur l’île cette saison et, même si la saison n’est même pas encore commencée, les réservations sont complètes jusqu’en novembre.

Aujourd’hui, lorsque quelqu’un lui demande comment financer un projet, il parle en toute confiance, fort de son expérience.

« Si le projet se situe dans une communauté rurale, je dis toujours que le meilleur choix, c’est de se tourner vers les CBDC, qui sont toujours prêtes à écouter, même si vous n’avez pas de plan d’affaires; les CBDC sont là pour vous aider à en élaborer un. Elles sont d’un grand soutien pour notre collectivité et notre province. »

« Il s’agit avant tout d’offrir aux gens une expérience, dit M. Nasrallah, et de donner aux gens la possibilité d’explorer la Nouvelle-Écosse d’une manière différente. »

Ossama Nasrallah
Propriétaire, Nova Glamping

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